Panthéon des sports canadiens Histoire et société canadienne : Sous l’angle du sport Musée virtuel du Canada (MVC)
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[Images de Ian Millar et son cheval sautant par-dessus un obstacle, image de Pierre Elliott Trudeau et Russ Jackson soulevant le trophée de la Coupe Grey, images de femmes pendant une course, images d'un match de football et d'une équipe soulevant la Coupe Stanley, Narrateur - Scott Russell avec le drapeau canadien flottant en arrière-plan.]

Lorsque nous regardons nos héros gagner une victoire à l'arraché ou subir une défaite crève-cœur, lorsque nous sommes témoins des prouesses, des victoires ratées de peu, des affrontements et du spectacle dramatique qu'ils nous offrent, nous oublions que nos sports préférés n'ont pas toujours existé. Nous ne pensons pas aux rôles bien particuliers qu'ils ont remplis dans la société au cours de leur évolution. Là où nous voyons de la compétition, du drame, la déception où l'euphorie de la victoire, ceux qui sont venus avant nous y ont vu une occasion de se rassembler ou une solution à un problème.

[Images de la crosse, de basketball, de quilles, de ringuette et de rugby en fauteuil roulant, premiers joueurs de crosse sur le site de l'Exposition nationale canadienne à Toronto.]

C'est à des Canadiens qu'on doit l'invention de sports comme la crosse, le basketball, le jeu des cinq-quilles, la ringuette et le rugby en fauteuil roulant. Héritage des Premières Nations, la crosse a une histoire particulièrement riche. Il s'agissait plutôt d'un rituel avec une quarantaine de variations, dont le baggataway ou towerathon, qui signifie « petit frère de la guerre », que d'une compétition. Les parties de crosse se déroulaient sur plusieurs jours en l'honneur d'un guerrier tombé au combat, d'une personne malade pour lui redonner la santé ou même comme entraînement pour la chasse ou la guerre.

[Interprétation artistique d'Autochtones tenant une version primitive de la crosse, image d'une crosse originale avec un plan rapproché de la tête, images d'équipes de joueurs de crosse de la fin des années 1880 aux années 1930, Lionel Conacher avec une crosse, George Beers, équipe de crosse en action, timbre de 5 cents avec l'image de trois joueurs de crosse et la mention sport national, équipes autochtones de crosse.]

Les missionnaires français ont baptisé le sport « crosse » parce que le bâton employé pour passer la balle ressemblait à la crosse des évêques français. Des changements importants lui ont toutefois été apportés, résultats du nationalisme entourant la Confédération. Au printemps 1867, le sport était réservé aux élites des grandes villes canadiennes en plus des Premières Nations. Un influent dentiste montréalais, le docteur George William Beers, a fait campagne pour que la crosse devienne le sport national présenté à la Grande-Bretagne sous la bannière « Notre pays et notre jeu ». Avec des règles, une nouvelle association et des matchs plus compétitifs auréolés de patriotisme, la crosse a pris son envol et à l'automne 1867, il y avait dix clubs de crosse au Canada regroupant environ 2000 membres.

[Photo de joueurs de basketball en action, lançant un ballon de basketball dans un panier à pêches, équipe de basketball de 1901, article de journal de 1936 sur James Naismith, note à propos du basketball rédigée en 1939 par James Naismith, invitation de 1920 à une allocution de James Naismith, images d'équipes du YMCA.]

Pendant que la crosse unissait les peuples canadiens, le basketball a été inventé pour résoudre un problème social : les dangers moraux et les difficultés de la vie dans les grandes villes qui poussaient au dix-neuvième siècle. À l'époque, on commençait à reconnaître que le sport compétitif pouvait aider les jeunes hommes à garder la forme et la santé tout en leur apprenant de bonnes valeurs. Le YMCA, la Young Men's Christian Association, avait à cœur leur santé physique et leur développement moral. Comme le dit le dicton : un esprit sain dans un corps sain.

[Plusieurs images de James Naismith tenant un ballon de basketball, images d'un des premiers matchs de basketball montrant des joueurs en action et lançant un ballon dans un panier à pêches.]

En 1891, le Canadien James Naismith était l'un des professeurs d'éducation physique de l'école de formation du YMCA de Springfield au Massachusetts. Il était aussi chapelain. On lui a demandé de créer un jeu compétitif en salle pour occuper les étudiants pendant les longs mois d'hiver qui rendaient le football impossible. La vocation religieuse et morale de l'établissement a poussé Naismith à concevoir un jeu délibérément éloigné de l'agressivité du football en misant sur les passes. Il a aussi installé les buts, des paniers à pêches, loin du sol pour qu'ils soient difficiles à garder. Pour Naismith, les valeurs morales avaient davantage d'importance que la compétitivité.

[Scott Russell avec le drapeau canadien flottant en arrière-plan, image de Tommy Ryan, boules de quilles et joueurs, boules et joueurs du jeu des cinq-quilles, Tommy Ryan jouant aux quilles.]

L'inventivité, la créativité, la curiosité, la faculté d'adaptation, la collaboration, la communauté et l'inclusion ont joué un rôle dans l'invention au Canada et la croissance de l'un des sports les plus populaires au monde : le jeu des cinq-quilles. Les quilles ont toujours été un sport populaire, mais le sport n'était pas accessible à tous. Au tournant du vingtième siècle, Tommy Ryan était propriétaire du premier club de quilles officiel du Canada. Malgré sa popularité, le jeu des dix quilles était très difficile pour la plupart des gens. Après quelques expériences, modifications et faux-départs, le jeu des cinq-quilles a vu le jour, petit à petit. En raison de son évolution progressive, sa date de naissance se situe entre 1908 et 1912. Au milieu du siècle, c'était le sport à la croissance la plus rapide au Canada et aujourd'hui, il est pratiqué par les petits et les grands.

[Scott Russell avec le drapeau canadien flottant en arrière-plan, joueuses de ringuette en action sur la glace.]

La ringuette a elle aussi été inventée pour rendre le sport plus inclusif. Sam Jacks, le directeur des parcs et loisirs de North Bay en Ontario, constatait que les femmes pratiquaient rarement des sports d'équipe d'hiver. Elles étaient confinées aux bords de la patinoire où elles tournaient en rond autour des hommes qui jouaient au hockey. Pour Jacks, son invention devait mettre la saine compétition à l'honneur et inciter la participation de chacune des seize joueuses. La structure des matchs est donc ouverte, dynamique et exige énormément d'agilité et de grandes qualités de patineuse. Le premier match de ringuette a été disputé à Espanola dans le nord de l'Ontario pendant l'hiver 1963. La popularité du sport a explosé et en 1969, la première association provinciale voyait le jour en Ontario. Aujourd'hui, la majorité des grands pays sportifs ainsi que 30 000 Canadiennes jouent à la ringuette.

[Images de rugby en fauteuil roulant, détails des fauteuils, Crone, Dagenais et Hickling tenant leurs médailles d'argent en des Jeux paralympiques de 2012 à Londres en fauteuil roulant.]

Un sport canadien a été inventé pour permettre aux personnes ayant un usage restreint des bras et des mains de goûter à la vitesse et l'intensité de la compétition : c'est le rugby en fauteuil roulant. Combinant des aspects du basketball, du rugby et du handball, les joueurs se servent de fauteuils spécialement conçus pour plaquer et bloquer leurs adversaires. Ils doivent aussi user de stratégie pour franchir la ligne de but adverse avec le ballon. Après le premier Championnat canadien de rugby en fauteuil roulant en 1979, le sport a rapidement gagné en popularité sur la scène internationale et en 2000, il a été inclus au programme des Jeux paralympiques. Depuis, le Canada fait partie des meilleures équipes au monde. Lors des Jeux paralympiques de 2008 à Beijing, lese Canadiens ont remporté la médaille de bronze avant de mettre la main sur l'argent quatre ans plus tard à Londres et finalement l'or aux Jeux parapanaméricains de Toronto 2015, devant ses partisans. L'action brutale du rugby en fauteuil a redéfini le sport en fauteuil roulant et captive maintenant les spectateurs de partout dans le monde.



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